Le vin gourmand

Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » – Pacherenc du Vic Bilh sec A.C. 2008, Domaine Labranche Laffont

« In faut être toujours ivre. Tout est là: c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. »
Un manifeste, issu des Fleurs du mal qui illustre la relation de Baudelaire au vin, une relation quasi religieuse, un amour amer, au doux parfum d’évasion.

Cette cuvée du Domaine Labranche Laffont présente des arômes de fruits exotiques et d’agrumes et offre une agréable fraicheur en bouche. On y retrouve des notes de peaux d’agrumes qui confèrent au vin du caractère. Bel équilibre entre amers et acidité mais le tout avec une belle matière.  Un vin «aérien» et harmonieux avec une forte personnalité.

 

Philippe Claudel, Le Café de l’Excelsior – Côtes du Rhône A.C. 2007, Domaine Jean David

Un bistrot de la campagne française, avec ses murs ternes, son zinc pas toujours propre et son atmosphère mythique. Avec une langue simple mais qui tombe toujours juste, Claudel dessine un quotidien poétique, où la douceur des rides d’un grand père se mêle à la mélancolie propre à tout souvenir d’enfance.

Ce texte est accompagné d’un vrai vin de bistrot, de comptoir. Il charme avec ses arômes de fruits rouges mûres au nez. La bouche se présente gouleyante et souple, avec une belle matière en soutient.


Emile Zola, L’assommoir (Le festin) – Fatalone Primitivo, Riserva Speziale, Gioa del colle DOC 2004 – Pasquale Petrera

Zola disait de l’Assommoir que c’était le premier roman qui ait l’odeur du peuple. Effectivement, les odeurs et l’alcool sont les grands invités de ce festin qui décrit une orgie de graisse, d’abondance gâchée et de vin, beaucoup de vin, jusqu’à l’écœurement. Dans le roman, la scène du festin est aussi celle qui marque le début de la fin, la chute de la famille – le prélude à la déchéance.
C’est un délice d’obscénité. Tellement trop, que c’est en beau.

Pour l’accompagner, un vin entier, tendre et puissant à la fois. Il présente une belle palette aromatique de fruits secs, herbes sauvages et thé noir ainsi que de notes balsamiques.

 

Kushajim, L’art du commensal – Pacherenc du Vic Bilh A.C. 2008, Domaine Labranche Laffont

Ce petit manuel du Xème siècle traite des règles que doit observer le commensal, le compagnon de table qui représentait, à l’époque de l’auteur, un véritable métier exigeant un savoir-faire transmis de père en fils, puisque le nadîm était considéré comme le reflet de son maître. Le texte évoque à la fois la douceur de l’orient, mais aussi la rigidité des règles imposées au commensal.

Le vin qui est servi avec ce texte présente une robe jaune or aux reflets dorés. Au nez il s’exprime sur des notes de coing, de pêches et de fruits exotiques (ananas, mangue…). La finale persistante sur la fraîcheur dévoile des notes d’agrumes et d’épices.