Alessandro Baricco, Novecento – Reuilly Blanc « Les Fossiles », 2018
Novecento est une histoire de musique, de solitude, de relations et, bien entendu, de voyages. C’est une pièce très brève, mais pleine d’émotions. Les style est assez simple, colloquial: on croirait entendre un vieil ami nous raconter une histoire.
L’entièreté de ce monologue se passe sur l’océan: les saveurs de la mer sont donc très présentes et s’accompagnent délicieusement du petit goût salé de ce Reuilly blanc, cultivé en biodynamie. C’est un vin simple, mais qui raconte une histoire du terroir. Il s’impose en bouche comme une pièce musicale, à l’instar de Novecento.
Sylvain Tesson, Du bonheur d’être en route, in: Petit traité sur l’immensité du monde – Gustavshof Spätburgunder Jomax, 2015
Ce texte est à la fois poétique – de par l’harmonie littéraire et philosophique qu’il dégage – et prosaïque, de par les sensations très terriennes qu’il décrit. Ces quelques lignes de bonheur ont un pouvoir étrange, puisqu’elles donnent envie à la fois de se blottir sous une couverture bien au chaud pour savourer chaque phrase, mais aussi de tout quitter pour partir à l’aventure et se surpasser face à l’inconnu. Le vin choisi en assemblage reflète cette dichotomie: c’est un « comfort wine » qui donne une sensation de bien-être tout en donnant envie d’en avoir plus, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Ce Spätburgunder allemand aux notes terriennes est très semblable au Pinot noir et le producteur a su créer une harmonie entre nature et savoir-faire qui se traduit dans un équilibre en bouche, particulièrement agréable à déguster avec ces pages.
Jean-Jacques Rousseau, Cinquième promenade, in: Rêveries d’un promeneur solitaire – Abbaye Silva Plana Faugières « La Closeraie », 2018.
La lecture de ces pages offre un moment de quiétude et d’introspection: c’est un éloge du « far niente », une méditation sur le bonheur – et sur l’inquiétude liée à la perte de cet état de grâce. C’est un texte élégant et complexe, plein de senteurs automnales et florales, qui résonne des bruissements de la nature. Il est à la fois langoureux dans ses descriptions et agité de par l’intranquillité intellectuelle de l’auteur.
Cette cinquième promenade s’accompagne à merveille de cet assemblage biodynamique de carignan, grenache, mourvèdre et syrah, dont le domaine se trouve dans un ancien monastère dans la nature, très semblable à l’île Saint Pierre qui accueillit Rousseau dans ses Rêveries. D’ailleurs, le vigneron du domaine s’occupe de ses vignes manuellement, à l’ancienne, avec des chevaux – comme au temps de l’écrivain.
Les notes rondes, puissantes et un peu pimentées de ce vin du Sud Ouest répondent agréablement aux senteurs automnales du texte.
Nicolas Bouvier, Hira Mandi / Noeud ferroviaire / Love song III, in: Le dehors et le dedans – Falset Marca Verema Tardan Negre, 2016
Bouvier avait à coeur de faire coïncider, comme il le disait, « le mot et la chose, afin que le lecteur puisse s’exclamer ‘Nom de Dieu, j’aurais pu y penser' ». Il s’agit donc, comme on peut le lire dans les trois poèmes choisis, d’une écriture à la fois très simple, qui va de soi, mais qui est très réfléchie et élaborée, portant des saveurs d’ici et d’ailleurs. Bouvier y décrit l’ivresse de l’instant présent, ainsi que la joie et la nostalgie d’être loin.
Pour sublimer ces trois poèmes, nous avons choisi un grenache espagnole issu de vendanges tardives. Simple au début, il s’ouvre ensuite sur des saveurs plus complexes, des senteurs du sud et d’ailleurs.